mercredi 26 octobre 2011

L'intériorité de l'éthique


Au cours de ma lecture d'une biographie de l'écrivaine américaine Patricia Highsmith (l'esprit derrière M. Ripley), j'ai appris qu'elle admirait Kierkegaard au point de le considérer comme un maître. Tout comme lui, elle considérait que tout était subjectif, une simple question de point de vue, ce qui rend le fondement de l'éthique plutôt délicat. Comment déterminer de manière sûre ce que sont le bien et le mal ?
Ludwig Wittgenstein, également un lecteur du philosophe danois, considérait pour sa part que l'éthique consiste en un faux problème du fait que tout problème aboutit à une solution alors que la question de l'éthique demeure insoluble. Ainsi est-elle selon lui affaire d'intériorité, c'est-à-dire le propre de l'individu existant.
Pour une écrivaine comme Highsmith, une telle découverte s'avère fructueuse pour l'écriture, considérant qu'elle se plaisait à créer des personnages psychopathes, sans la moindre valeur éthique. Si Kafka, troisième amateur de Kierkegaard, a préféré l'aspect religieux de sa pensée, il reste que la valorisation de la subjectivité est quelque chose d'intéressant pour celui qui s'intéresse davantage à l'existence intérieure des individus plutôt qu'au rôle superficiel qu'ils tiennent en société (quoique ce second revers s'avère tout aussi fécond, ce que prouve un Asimov, par exemple). Car cette intériorité peut parfois surprendre ; Kierkegaard le démontre bien en décrivant Abraham qui conduit son fils en silence vers la montagne dans l'intention de l'égorger...

Aucun commentaire: