Quel plaisir de feuilleter au hasard les livres qui garnissent nos bibliothèques ! Prendre un ouvrage sans but précis et en lire quelques paragraphes, pas tant pour y découvrir le sens d'une intrigue qu'afin d'en admirer l'esthétique et la beauté des mots. Il suffit de passer d'un auteur à un autre pour déceler de nombreuses différences stylistiques ; car, lorsque nous lisons 200 pages d'un même livre, le style devient transparent au fil de la lecture, au profit des péripéties, des dialogues, des descriptions... Tout cela, certes, éveille l'imagination et provoque une sorte de spectacle visuel dans l'esprit. Mais si nous parcourons quelques lignes aléatoires au beau milieu d'un texte, ce sont les mots eux-mêmes qui ressortent le plus.
Pour un écrivain, cet exercice est enrichissant et très inspirant. Voyez ces extraits (dont le choix est le fruit du hasard) et jugez-en par vous-mêmes :
Au moment où il entra, deux grands valets de chambre, mieux mis que M. Valenod lui-même, deshabillaient Monseigneur. Ce prélat, avant d'en venir à M. Pirard crut devoir interroger Julien sur ses études. Il parla un peu de dogme, et fut étonné. Bientôt il en vint aux humanités, à Virgile, à Horace, à Cicéron.
Pour un écrivain, cet exercice est enrichissant et très inspirant. Voyez ces extraits (dont le choix est le fruit du hasard) et jugez-en par vous-mêmes :
Au moment où il entra, deux grands valets de chambre, mieux mis que M. Valenod lui-même, deshabillaient Monseigneur. Ce prélat, avant d'en venir à M. Pirard crut devoir interroger Julien sur ses études. Il parla un peu de dogme, et fut étonné. Bientôt il en vint aux humanités, à Virgile, à Horace, à Cicéron.
– «Ces noms-là, pensa Julien, m'ont valu mon numéro 198. Je n'ai rien à perdre, essayons de briller».
Il réussit; le prélat, excellent humaniste lui-même, fut enchanté.
(Extrait tiré de Le Rouge et le noir de Stendhal)
*
Dans son lit maintenant, Grand étouffait : les poumons étaient pris. Rieux réfléchissait. L’employé n’avait pas de famille. À quoi bon le transporter ? Il serait seul, avec Tarrou, à le soigner…
Grand était enfoncé au creux de son oreiller, la peau verdie et l’œil éteint. Il regardait fixement un maigre feu que Tarrou allumait dans la cheminée avec les débris d’une caisse. « Ça va mal », disait-il.
(Extrait tiré de La Peste de Camus)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire