dimanche 25 janvier 2009

La flamme humaine

Ce feu que Prométhée a offert à l'être humain, cette connaissance aux fondements de la culture, cette "seconde nature" qui masque le "vrai" socle de l'existence, soit la réalité ; ces innombrables symboles qui ne cessent de se mouvoir successivement dans l'imagination de ces "bêtes" complexes et sagaces – ne sont-ce pas de belles choses ? Il est certain que la raison humaine influence et détraque par moments le corps de telle sorte qu'un sentiment d'angoisse hante l'esprit qui étouffe, embrouillé dans les idées morbides... Néanmoins, une fois ces illusions écartées, la raison s'avère une belle passion, une magnifique extériorisation de soi-même vers son propre corps, qui se laisse manipuler par ses pensées, ses projections idéelles. De là cette capacité proprement humaine à construire des objets extrêmement complexes à travers un temps d'une longue durée... Seule une raison surdéveloppée peut posséder une patience aussi ardue et obstinée ! Il en surgit la culture : l'art, la société, la religion, la politique, la justice ; tous des rejetons de ces êtres "auto-tyranniques" que sont les humains.

mercredi 21 janvier 2009

Petite histoire du suicide...


Hier matin, j'ai fait quelques recherches sur le suicide afin d'écrire un article sur le sujet. C'est un thème plutôt intéressant qui mérite, à mon avis, d'être franchement développé sous une forme philosophique. Certes, plusieurs philosophes ont traité du suicide dans leurs oeuvres, souvent de manière défavorable, mais je souhaite faire ma part à ce propos, même si pour l'instant mes idées ne sont qu'au stade d'ébauche. Pour le moment, je ne fais qu'exposer un petit historique qui me semble à première vue pertinent, bien qu'il s'avère très général.

Le terme suicide est apparu dans la langue française seulement autour de l'an 1734. Auparavant, on faisait mention d' "homicide envers soi-même". Il est bien connu que le concept du suicide suscite de l'horreur parmi les sociétés occidentales. Cette horreur est en grande partie une trace du christianisme, qui n'est pas encore complètement disparu.

Le suicide aurait traversé trois grandes étapes selon une conférence de Lucien Guirlinguer intitulée Le suicide et la mort libre : il aurait d'abord été l'objet d'une « malédiction théologique ». Selon Saint-Augustin, se tuer, c'est commettre un meurtre, c’est tuer un être humain et donc commettre un homicide contre le commandement divin du décalogue qui affirme que « tu ne tueras point ». Saint-Thomas d'Aquin réitère cette interdiction du suicide en développant trois raisons : le suicide est contraire à la nature humaine, à la volonté de vivre ainsi qu'à l'amour de soi-même. Suite à ces propos religieux, le suicidé est maudit, rejeté ; il subit l’exécution et les supplices réservés à un meurtrier et son cadavre est exposé aux carrefours.

La seconde étape du suicide serait l'interprétation que les sciences humaines auraient créée de celui-ci au cours du XIXe siècle. Le suicide est théorisé froidement ; les chercheurs étudient les divers phénomènes reliés à celui-ci et évaluent ce qui est de l'ordre du subjectif, c'est-à-dire les mécanismes psychiques conscients ou inconscients. Il est possible de penser à Émile Durkheim (1858-1917), l'un des fondateurs de la sociologie moderne, qui a démontré un certain parallélisme entre l'individualisme et le taux de suicides dans son livre Le Suicide (1897).

Finalement, le suicide serait tombé sous l'emprise de la psychiatrie, qui s'efforce dès lors de diagnostiquer et de soigner les individus à tendances suicidaires au nom de certaines normes sociales. Ainsi, le malheureux qui ne souhaite que la mort serait incapable de surmonter ses "échecs", qui présupposent évidemment un "droit chemin", une "norme", bref un "but" qui doit être visé par tous et chacun.

En somme, le suicide est perçu comme une faute ou un péché, un effet résultant de certaines causes déterminées, ou encore une défaillance psychologique... En un mot, le suicide serait une "faiblesse". Voilà un aperçu global – trop global... – de la façon dont le concept de suicide a traversé l'histoire occidentale depuis l'avènement du christianisme.


J'ai écrit ce petit résumé historique afin d'introduire une réflexion sur le sujet qui n'est encore qu'à un stade embryonnaire. C'est pourquoi ce message se veut simple et général...

samedi 17 janvier 2009

Les défuntes "idoles"

Comme il est rassurant de constater qu'on se souvient des grands personnages qui ont jalonné et traversé l'histoire pendant des dizaines, des centaines, des milliers d'années ! N'est-ce pas une belle preuve de l'immortalité de l'âme humaine ? Homère est toujours actuel ; Platon élève encore les contemporains jusqu'aux "idées éternelles". Quant à Descartes, il enseigne continuellement à l'espèce humaine comment apprendre avec prudence et méthode, tandis que Kant nous étourdit ad aeternam par le retournement qu'il a opéré par sa révolution copernicienne... Que d'idoles défuntes reprennent vie par l'entremise de leurs oeuvres, qui subsistent au cours des siècles ! L'être humain est devenu immortel ! Par le langage il est immortel ! En raison des mots... Des mots ?...

Il est si ridicule de se pâmer devant ces "grands penseurs", de croire en leur existence actuelle en observant leurs bustes et portraits. Tout cela n'est qu'un tas de phrases et d'images tracées dans un passé vide – du néant ! Les aventures d'Ulysse, le monde intelligible de Platon, les méditations cartésiennes, la "chose en soi" kantienne : rien ! Des mots que des hommes ont collé à la réalité, cette même réalité dont tous et chacun ont conscience en cet instant même...

Les idoles nues ne sont que des symboles risibles...

mardi 13 janvier 2009

Dialogue absurde I

Il est parfois tentant de se séparer soi-même afin d'observer les confrontations que produiraient nos propres personnalités paradoxales si elles se trouvaient isolées les unes des autres. Ainsi, il serait intéressant d'assister à des débats entre le réaliste (à ne pas prendre dans le sens que la philosophie médiévale donne à ce terme), le rêveur et le fou. Cela va de pair avec l'instant qui ne cesse de se déchirer dans l'ailleurs et le nulle part. Voilà que je possède deux adversaires : un vagabond et un fou...

David – Qui es-tu, étrange individu ?
Exvagus – Je suis un errant, celui qui adhère aux choses humaines et qui voyage à travers le temps, aussi bien dans le passé historique que dans l'avenir incertain. Toi, qui es-tu ? Tu me sembles un vilain personnage...
David – Je ne suis qu'un être existant, un cynique qui fuit l'illusion et se moque de la culture.
Exvagus – Voilà donc ! Tu es ainsi une pauvre bête malheureuse qui ne connais aucunement les merveilles de la raison ?
David – Je les connais certes, mais je les conçois comme ce qu'elles sont : des symboles vides, puisque la culture n'est qu'illusion, et l'histoire un mythe.
Le Fou – Blasphème ! Il n'y a rien de plus vrai que les mots, de plus véritable que l'Histoire ainsi que ce qui découle de la Raison et de l'Esprit !
Exvagus – Que dis-tu, le Fou ? Tu crois que la culture est vérité ? N'est-elle au contraire qu'illusion?... Pauvre de moi... Il est certain que j'adhère à la société humaine de même qu'aux arts, mais je n'y trouve aucune vérités, et guère plus de mensonges... Qui de vous deux dit vrai ? Je ne saurais que penser à propos de la vérité – du concept même de vérité !
David – C'est parce que ta vie n'est qu'un paradoxe, Exvagus. Tu vis dans l'instant et le nulle part, ce qui conduit vers l'ailleurs... Quant à moi, je ne suis qu'une chose qui pense, tel que l'affirmait Descartes – une vulgaire bête selon tes mots !
Le Fou – Vous êtes tous deux fautifs. Vous devez croire en l'humanité, adhérer entièrement à ses lois et principes tout en niant votre nature qui n'est que barbarie !
Exvagus – Tais-toi le fou ! Je ne supporte déjà plus ton fanatisme... Il faudrait d'abord discuter tout en argumentant afin de mieux saisir qui d'entre nous a raison.
David – Je ne pourrais mieux dire !

dimanche 11 janvier 2009

La vérité : l'ennemi du philosophe


Le philosophe est-il un chercheur de vérités ? Il est avant tout un être qui aime apprendre, un penseur qui s'amuse à élargir sans cesse son bagage de mots et de symboles. Autrement dit, c'est un ami de la sagesse, soit quelqu'un qui apprécie les divers savoirs. Qu'en est-il de la vérité ? De prime abord, elle n'a rien à voir avec la philosophie, puisque le philosophe s'interroge et cherche des réponses sans toutefois s'arrêter sur l'unes d'entre elles. Il est possible de penser aux sceptiques, qui doutaient de tout, de même qu'aux cyniques, qui se moquaient sans cesse des valeurs humaines. Je n'oublie pas Socrate, qui s'affirmait ignorant à propos de bien des choses... Alors pourquoi plusieurs philosophes ont-ils écrit des oeuvres dans lesquelles des systèmes supposément "vrais" – du moins "certains" – ont été exposés ? Le dogmatisme foisonne dans l'histoire de la philosophie. Les oeuvres de plusieurs philosophes notoires sont remplies de prétentions à une ou plusieurs vérités, ce qui fait d'eux d'incontestables mystiques.

Là où il y a questionnement, il y a philosophie, et celle-ci s'arrête lorsque des réponses sont mises de l'avant. Si un examen approfondi serait élaboré à l'égard des oeuvres reconnues de l'histoire de la philosophie dans le but de les démystifier, il n'y en aurait que très peu d'épargnées aux yeux d'un sceptique ! Il est certain que plusieurs penseurs ont écrit selon les valeurs de leur époque, et cela peut leur être pardonné, mais les penseurs contemporains qui tombent dans le piège de l'occultisme ne peuvent qu'apparaître ridicules...