lundi 22 novembre 2010

Un peu de poésie... (4)


alors que tu prononçais des gouffres

sous tes ruisseaux vides et teintés

d’un ciel mélancolique

d’un ouragan blasé

il vivait d’un ouvrage acharné

d’un mirage infesté

noir


parce que tu chantais de ta voix éraillée

des sons de scies tranchantes

des mots alcoolisés

il tournait dans son antre à travers les sirènes


sous l’impulsion de ton triste cynisme

gravant l’amertume à même ta peau

d’un sol putréfié

d’humus virevoltant dans l’encens de la mer

il riait dans ses histoires morbides

de nuages scabreux

noirs


en raison de ton parfum grisant

serpentant dans l’esprit de ceux qui n’ont rien à perdre

rien à espérer

il vomissait sa vie en une flaque amère

dimanche 21 novembre 2010

Vaste salon et sombre cabaret

En cette fin de session bien remplie, alors que je m'efforce de ne pas mettre de côté le défi du Nanowrimo dont l'objectif final ne sera guère atteint en ce qui me concerne, je suis allé faire une brève visite au Salon du livre de Montréal ce samedi soir. Il est toujours étonnant de constater que dans un espace si vaste où tant d'amateurs de livres se rassemblent, sans compter les multiples ouvrages qui abondent dans les kiosques, il est étourdissant de se promener dans les rangées en revenant sans cesse sur ses pas à l'idée qu'on pourrait avoir manqué le kiosque qu'on cherchait. Il reste qu'il est toujours agréable d'assister à ce genre d'évènements, puisqu'on y fait la rencontre de gens qui ont tous les mêmes passions : l'écriture et la lecture. Durant ma brève visite, j'ai d'ailleurs eu l'occasion de socialiser avec des auteurs et éditeurs qui se reconnaitront sans doute s'ils passent par ici.

Dans un autre ordre d'idées, je suis récemment allé voir l'exposition Rouge Cabaret : le monde effroyable et beau d'Otto Dix. Après lecture de l'article de Philippe-Aubert, sans compter quelques amis qui m'ont vivement conseillé la visite, je ne pouvais faire autrement qu'aller constater de mes propres yeux les œuvres de ce peintre contemporain aux tonalités macabres.


Afin de mieux apprécier l'ampleur des toiles et des dessins d'Otto Dix, il s'avère indispensable de lire les descriptions historiques inscrites sur les murs selon la tradition du musée ; après quoi la contemplation des œuvres de ce dernier n'en est que plus bouleversante, Des scènes de guerre représentent des soldats morts, blessés, estropiés, défigurés, sans compter les anciens soldats qui sont dépeints comme indigents, mutilés et délaissés du monde. Il n'y a qu'à voir cette caricature d'une toile bien connue de Cézanne où des amputés jouent aux cartes en s'aidant de leurs prothèses pour rendre compte de tout l'aspect satirique que recèle la grande majorité des toiles de la période de l'entre-deux-guerres.


Le thème de la prostituée en est aussi un qu'affectionne particulièrement Otto Dix, qui s'est servi à maintes reprises de l'image de la veuve qui ne peut faire autrement que vendre son corps afin de survivre suite au décès du mari à la guerre. Il est à noter que les personnages sont tous peints d'une manière à la fois grotesque et détaillée, ce qui accentue la part d'humour noir omniprésent dans ces œuvres saisissantes marquées par le désespoir de l'être humain vis-à-vis ses semblables.


Pendant la Seconde Guerre mondiale, Otto Dix a eu quelques démêlés avec les autorités allemandes, que je ne décrirai pas ici en détail. Pour cette raison, il a en quelque sorte été contraint à délaisser son style noir et personnel pour se tourner davantage vers la peinture paysagère, ce qui ne l'a pourtant guère empêché de se livrer à la création de portraits. Et le plus surprenant, c'est que ceux-ci, bien qu'ils soient presque tous des commandes de proches et de connaissances diverses, sont tout aussi grossiers et satiriques que les œuvres précédentes (!). Par exemple, ce médecin au visage déformé par la mélancolie, de même qu'aux yeux verts et globuleux qui ressortent en sailli lorsqu'on se trouve face à la toile :


Pour conclure sur le sujet, il est difficile, voire impossible de quitter l'exposition dans un état d'indifférence, puisque chacune des toiles et chacun des dessins contiennent en eux-mêmes une part d'austérité entremêlée à une espèce de dévoilement de la nature autodestructrice de l'être humain qui ne peut que secouer celui même qui ne se laisse jamais émouvoir. Il n'est pour ainsi dire guère étonnant qu'Otto Dix ait réalisé de nombreux autoportraits le montrant rigide, froid, les yeux dévoilant un état d'esprit désabusé qui cherche sans cesse un échappatoire dans le domaine de l'art...


dimanche 7 novembre 2010

Nanowrimo et caféine

Cette année, j'ai décidé, comme certains l'ont sans doute remarqué, de participer au Nanowrimo. En fait, la décision a été prise en ce qui me concerne le 31 octobre dernier, soit un jour avant le début de ce défi colossal, qui consiste en l'écriture d'un roman de 50000 mots en l'espace d'un mois. Après une semaine d'écriture acharnée, je trouve le défi fort enrichissant, considérant qu'il s'avère souvent indispensable d'écrire de manière spontanée, que l'inspiration y soit ou non. Des idées nouvelles surgissent à certains moments, et des tournures inattendues modifient peu à peu le plan d'origine, le plus souvent pour le mieux. Et si parfois la motivation s'amenuise car il n'est pas toujours aisé de maintenir un rythme constant à une vitesse aussi rapide, l'épuisement prenant souvent le dessus il suffit d'écrire une phrase ou deux pour que l'élan surgisse à nouveau. Le café est également une option envisageable pour rédiger les quelques 1666 mots par jour requis pour réussir le défi ; après quoi le tout sera à retravailler, remodeler et réécrire, encore une fois en buvant des litres et des litres de café...