mercredi 18 novembre 2009

Le protocole Reston

Que diriez-vous d'une histoire où une horde de morts-vivants envahissent une ville située près de chez vous ? C'est ce que propose Mathieu Fortin avec l'une de ces dernières parutions : Le protocole Reston. Un monstre est capturé en Asie, et expédié à Toronto afin d'être étudié par un groupe de scientifiques, mais les événements tournent mal. En effet, le cargo sur lequel le monstre est fait prisonnier frappe un haut-fond sur le Saint-Laurent, près de Trois-Rivières. Le monstre en profite alors pour contaminer les individus qui se trouvent sur son chemin, avant de s'enfuir vers le nord. Une étrange épidémie se propage ainsi à Trois-Rivières, qui sera isolée par les autorités du reste du Québec. Quant à Victor et son coloc Julien, encerclés par les macchabées, voyant leurs amis devenir eux-mêmes des zombies, ils n'auront qu'un seul but : survivre. Or, il est difficile de rester en vie au sein d'une ville isolée, où tous les moyens de communications ont été mystérieusement coupés du monde...
Après une lecture du Loup du sanatorium du même auteur, Le protocole Reston m'a agréablement surpris, tant pour l'amélioration du style par rapport à son prédécesseur que pour le plaisir qu'on en tire. Le rythme de ce roman est très réussi, les chapitres dans lesquels l'aventure se déroule s'entremêlant avec des intermèdes dans lesquels les ministres mettent en place le fameux protocole. Il est par ailleurs amusant de lire en plein roman de zombie une dispute caricaturale entre le premier ministre du Québec et le chef de l'opposition officielle, ce qui donne une touche d'humour noir au récit.
La couverture du Protocole Reston est fidèle à l'histoire : les yeux rouge, le teint malade, le regard tragique d'un être prisonnier entre la vie et la mort... L'atmosphère est noire, et un certain souci du réalisme est présent tout au long du récit. Les voitures n'explosent pas lorsqu'on tire un coup de fusil sur celles-ci, et le sang ne gicle pas pour rien. Il aurait d'ailleurs été intéressant d'exploiter un peu plus cet aspect, qui rend l'histoire plus troublante que drôle, les films de zombies étant souvent plus humoristiques qu'horrifiques. Le protocole Reston consiste donc en un très bon roman l'un des rares romans de zombie québécois et la possibilité d'une suite n'est pas à écarter...

vendredi 13 novembre 2009

Les particules élémentaires

Après en avoir entendu parler de la part d'amis, j'ai enfin entamé la lecture des Particules élémentaires de l'auteur français Michel Houellebecq. L'image de la couverture m'était bien connue : on y voit l'auteur vêtu d'un veston simple et d'une chemise froissée fumant une cigarette, un sac de plastique accroché à son poignet. Le premier mot qui m'était venu à l'esprit est : provocation. Et j'avais raison. Ce roman regorge de cynisme et d'allusions à l'absurdité de l'existence. C'est, en deux mots, une satire de l'humanité. Il n'est donc pas surprenant qu'il ait ironiquement dédié son livre à l'homme !
Le livre se résume ainsi :

« Les particules élémentaires est la chronique du déclin d'une civilisation la nôtre qu'illustre l'existence plate et morose de deux demi-frères, Michel et Bruno, confrontés à leur misérable condition. »

Cette notice qu'on retrouve sur la quatrième de couverture laisse présager que l'histoire sera noire, très noire. Les aventures amoureuses des deux frères et leurs échecs sont mis de l'avant dans ce roman dont le thème central serait probablement le désastre, ou peut-être bien le désespoir. De son côté, Bruno est timide, incapable d'entrer en contact avec la société, et essaie de vivre des expériences sexuelles en montrant son sexe aux jeunes filles qui lui plaisent, sans le moindre tact. Quant à Michel, il se tournera désespérément vers la science, et sera aux fondements d'une nouvelle espèce humaine, androgyne et immortelle. Quant à l'humanité actuelle, elle disparaît...
Ce livre de Houellebecq ne se limite toutefois pas au désespoir et à la perversion. Au contraire, il est évident que l'auteur s'est livré à de nombreuses recherches historiques, philosophiques et scientifiques pour renforcer l'histoire de son roman, qui regorge de propos savants et de réflexions sensées, avec quelques références à des noms bien connus tels que Einstein, Huxley, ou encore Frege. Ce qui contribue en quelque sorte à accentuer la provocation et le cynisme présents tout au long du roman. Une réflexion philosophique s'appuie sur des propos scientifiques, et hop ! Le personnage se masturbe en regardant les jeunes passantes ! Les changements de tons des Particules élémentaires sont donc drastiques, bien qu'ils soient limités au noir et aux différentes teintes de gris...
La lecture de ce livre de Michel Houellebecq n'a pas été sans me donner le goût de lire ses autres romans, en particulier celui au titre séduisant d'Extension du domaine de la lutte. Un auteur contemporain à lire !