lundi 11 août 2008

À propos d'Albert Caraco

« Mais à quoi bon prêcher ces milliards de somnambules, qui marchent au chaos d’un pas égal, sous la houlette de leurs séducteurs spirituels et sous le bâton de leurs maîtres ? Ils sont coupables parce qu’ils sont innombrables, les masses de perdition doivent mourir, pour qu’une restauration de l’homme soit possible. Mon prochain n’est pas un insecte aveugle et sourd, n’est pas un automate spermatique. Que nous importe le néant de ces esclaves ? Nul ne les sauve ni d’eux-mêmes, ni de l’évidence, tout se dispose à les précipiter dans les ténèbres, ils furent engendrés au hasard des accouplements, puis naquirent à l’égal des briques sortant de leur moule, et les voici formant des rangées parallèles et dont les tas s’élèvent jusqu’aux nues. Sont-ce des hommes ? Non, la masse de perdition ne se compose jamais d’hommes » (Bréviaire du chaos)

Albert Caraco est un écrivain français né à Constantinople en 1919 et mort en 1971. Son œuvre, à caractère philosophique, est imprégnée de pessimisme et de noires idées. Suite à la Seconde Guerre mondiale, sa famille et lui-même se sont réfugiés en Amérique du Sud en raison de leur origine juive, et il y reçut une éducation catholique qu'il rejettera par la suite. Lors de son retour en France, il s'installera à Paris, débutant son œuvre en écrivant durant six heures à tous les jours. Il projeta sa mort, affirmant vouloir se tuer suite au décès de ses parents. C'est quelques heures suite à la mort de son père qu'il se pendit.
J'ai pu me faire un premier aperçu de l'écrivain avec la lecture de son livre Essai sur les limites de l'esprit humain. En effet, l'œuvre recèle une grande noirceur, mais les idées de Caraco ne sont pas toujours claires. Il faut savoir que l'écrivain français ne corrigeait jamais ses textes, et que tous ses livres sont le résultat d'un seul jet d'écriture. Les mêmes idées reviennent souvent, et jamais elles ne sont vraiment approfondie, ce qui laisse croire que Caraco ne cherchait aucunement à être clair ou à être compris de ses lecteurs. Bref, Essai sur les limites de l'esprit humain est une sorte de journal intime plutôt qu'une œuvre destinée à partager une certaine vision ou interprétation du monde.