Reality is that which, when you stop
believing in it, doesn't go away.
(Philip K. Dick)
believing in it, doesn't go away.
(Philip K. Dick)
Ce billet est une réponse aux questionnements soulevés ici. Il semble que la notion du silence de mon billet précédent, mais surtout celle que j'utilise couramment lors de discussions philosophiques, ait été mal comprise. Il en est de même concernant son association avec l'existence et, de manière plus fondamentale, avec l'être. Surtout qu'elle n'a rien à voir avec la métaphysique ; elle est plutôt ce qui contourne les illusions métaphysiques, au profit d'une philosophie de l'existence qui ne cherche plus à expliquer le monde, se bornant plutôt à le décrire. Ce qui n'empêche aucune portée concrète et ne restreint en rien la possibilité d'une philosophie pratique.
*
L'être est ce qui est, soit l'évidence pure pour tout sujet existant, alors que l'existence concerne l'ouverture vers cet être, c'est-à-dire l'extase vers la réalité. Et puisque l'existence est (de l'être), elle est à considérer comme un mode de l'être. De là pourquoi chaque existant n'est qu'un point de vue particulier de la réalité.
À ce stade, nous pouvons nous figurer que nos pairs perçoivent l'être autrement que nous-mêmes ; il en est de même pour les animaux et, à un niveau plus élémentaire, pour les organismes cellulaires. Mon point est le suivant : tout organisme vivant relève de l'ordre des existants ; et puisque la grande partie des vivants ne possède guère la faculté du langage propre à l'humain, il s'avère que l'existence et les mots ne sont pas liés directement. Ainsi l'existence baigne-t-elle dans une atmosphère de silence. Or, il suffit que nous nommions un élément du monde pour aussitôt faire surgir l'essence de cette chose, c'est-à-dire l'objet, lequel est toujours déterminé. Mais sur ce point, je m'arrête ici...
L'être est donc silencieux, indépendant du langage (ce que Spinoza a mal compris en confondant l'existence et l'essence des choses), et l'existence consiste en cette ouverture vers le silence de l'être. Je souligne qu'ici, le silence n'est point à comprendre dans son sens quotidien ; il ne concerne en rien le son ou l'absence de son, mais bien plutôt le sens et l'absence de sens. L'être est indéterminé et le langage détermine, au même titre que l'existence est la base et l'essence le surplus.
Une incompréhension de ces propos explique peut-être pourquoi les mots de Sartre furent si mal interprétés ; car comme lui, je considère que l'existence précède l'essence.
Et le silence le langage...
6 commentaires:
J'aurais beaucoup à répondre, mais je tiendrais à préciser que de mal comprendre ta notion de silence ne veut pas dire qu'on comprenne mal le passage de Sartre. Je suis aussi d'accord que l'existence précède l'essence. N'importe quel sceptique comme moi dirait la même chose, car personne ne peut dire ce qu'est l'essence ni même si une telle chose existe. Donc, on peut supposer que l'existence précède ce qui est indéfinissable et inconnaissable. Bien sûr ;)
Je ne crois pas donc mal comprendre ce passage de Sartre, mais je persiste à être sceptique face à ton affirmation.
Je pense que tu vois des jugements de ma part là où il n'y en a pas.
Et pour le reste, qu'ai-je à y faire ? J'expose des idées, et je ne cherche à convaincre personne. Ce n'est qu'un point de vue du monde, une poétique existentielle. Et non pas un dogme ! ;)
« Donc, on peut supposer que l'existence précède ce qui est indéfinissable et inconnaissable. »
Je précise seulement ici que c'est le contraire : l'existence précède toute définition et connaissance. L'existence est comme un rêve absurde, et l'essence la tentative de saisir ce rêve et d'en faire quelque chose de sensé.
Intéressante votre tentative d'éclaircissement !
Tout d'abord merci pour cette superbe citation de K.Dick !!
Ensuite voilà ce que je vois :
De ce que j'ai compris de la phrase de Sartre, "l'existence précède l'essence" c'est qu'on choisit ce qu'on devient, qu'on doit d'abord exister pour ensuite être, qu'on est libre de devenir ce qu'on veut, bref, des idées que je ne partage pas!
Je dis : Nous sommes une essence qui se déploie en existant.
Ce qu'il me semble, c'est que vous mettez dans le mot 'existence' ce que Sartre mettait dans celui d' 'essence' et vice-versa.
Au quel cas vous vous dites d'accord avec lui alors que vous pensez en réalité le contraire de ce qui lui mettait dans ses mots.
(Nous sommes ici en plein cœur du piège du langage : il faut d'abord s'entendre sur les mots ;-) )
Mais tout cela n'a pas d'importance ! Merci pour cette citation de Dick !
En réalité, qu'on se comprenne ou pas, n'a pas d'importance, tant que ça touche que les choses sans importance ;-).
Car il se peut qu'en fait, on pense, vous et moi, la même chose et qu'on soit tous deux en désaccord avec Sartre !! :-)
Car comment expliquer autrement que je suis parfaitement d'accord avec votre "le silence précède le langage" ?
Bien à vous.
Merci Cédrik pour votre réponse, de même que pour l'intérêt que vous semblez porter à mon blog.
Vos propos sur Sartre m'intriguent, et je m'en souviendrai à coup sûr lorsque je relirai sur la pensée sartrienne. L'intérêt qui me pousse à publier de courtes pensées sur Internet est justement de recevoir des objections, rectifications ou autres commentaires pertinents qui me pousseraient à réfléchir davantage. Vos mots sont donc les bienvenus dans mon petit coin virtuel.
Au plaisir !
Voilà une ouverture à la discussion pleine de pertinence et de bon-sens !
Merci et au plaisir également ! :-)
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