mercredi 31 décembre 2008

Le flux de la vie

L'erreur, l'ignorance, la naïveté, l'immaturité, la dépendance, etc., font partie de l'histoire d'une vie, et il n'y a aucune honte à reconnaître cela. Sans eux, le devenir serait impossible ; du moins au niveau de la connaissance et de l'ailleurs. Tous les orgueilleux, ceux qui refusent de montrer aux autres leurs faiblesses, ne peuvent que stagner, et ainsi ne rechercher que le fixe, l'immobile... Les gens aux tendances tyranniques, les êtres trop moraux et dotés d'une extrême sévérité, font preuve d'un aveuglement volontaire vis-à-vis leurs faiblesses. Au contraire, lorsque l'être humain admet ses échecs, il ne peut que souhaiter en retirer quelque chose, une connaissance, une forme d'adaptation qui conduit à une flexibilité de l'esprit à l'égard du cours de l'existence, une forme de complexité ouverte aux changements, au flux de la vie, qui est naturellement instable et conflictuelle. Celui qui reconnaît ses erreurs cherche à comprendre comment faire face aux obstacles, et fait ainsi naître en lui maintes idées et possibilités qui permettent de suivre en toute tranquillité le cours du temps, au risque de chuter plus rapidement.

mardi 30 décembre 2008

Le paradoxe de l'ici et de l'ailleurs

Les êtres humains sont parfois sujets à des circonstances malheureuses : pertes, oublis, maladies, accidents... Pourtant, ces événements inattendus se produisent ; des malheurs surviennent et freinent les projets de tel ou tel individu. C'est le paradoxe entre l'instant et l'ailleurs, la nature confrontée à la culture. L'être humain est d'abord et avant tout un être naturel, qui vit dans l'instant, soit dans le hic et nunc (l'ici et le maintenant). Toutefois, il camoufle la nature derrière la culture en donnant au monde naturel une interprétation humaine. Autrement dit, son esprit se fourvoie dans les symboles, puisqu'il couvre la réalité d'un voile symbolique et idéel ; il oublit l'existence du monde naturel dénué d'humanité. La nature demeure néanmoins présente, mais la culture – qui est par ailleurs soutenue par la nature dont elle est née – se présente seule aux yeux de l'être humain, qui ne vise ainsi que l'idéal. Alors que la nature est pourvue d'accidents, de conflits et de chaos, ce dernier n'espère que le parfait, l'idéal, bref l'irréel. Lorsque la nature empiète sur la culture, ou que la culture se montre enfin dans toute sa nature, cela surprend...
Et nous l'acceptons difficilement...

dimanche 28 décembre 2008

Zarathoustra 2000

En ce creux du temps des fêtes, Noël étant passé alors que l'an 2009 approche à grands pas, j'en profite pour retravailler et corriger les nouvelles dont j'ai fait mention dans le message précédent. Voici un léger aperçu de ma nouvelle Zarathoustra 2000 :

« Wergan atteignit enfin la cime du grand mont, enivré à l’idée qu’il allait enfin découvrir le mystère derrière ces innombrables disparitions. À sa grande surprise, il ne trouva au sommet qu’un petit temple camouflé derrière les feuillages, une sorte de périptère qui ressemblait beaucoup au Parthénon en version miniature.
Alors qu’il considérait sa découverte, une voix provenant de l’intérieur du temple l’interpella et lui dit : " Bonjour mon enfant ! ". Un homme à la démarche légèrement féminine et vêtu à la manière d’un prêtre sortit du petit bâtiment. Il avait d’épais sourcils qui ombrageaient ses yeux fous et profonds, mais ce qui frappa particulièrement Wergan, c’était l’énorme moustache tombante qui ornait le visage de l’individu et qui recouvrait sa bouche en entier. »

dimanche 23 novembre 2008

Cet automne...

...malgré les cours et les travaux scolaires qui prennent beaucoup de mon temps, j’ai écrit deux courtes nouvelles. La première consiste en une parodie de la philosophie nietzschéenne, que je compte bien proposer à la revue Biscuit Chinois pour le thème « moustache ». Quant à la seconde nouvelle, c’est une petite fiction philosophique à propos de la loi « universelle », loi mystérieuse qui a suscité d’innombrables interrogations chez certains penseurs et philosophes comme David Hume, qui affirmait l’impossibilité de connaître l’essence de ce qui relie une cause et son effet. Il ne reste plus qu’à corriger et retravailler le tout, ce que je ferai bientôt lorsque j’aurai un peu plus de temps.

vendredi 26 septembre 2008

Extrait de ma nouvelle "Entre les branches"

Voici un extrait de ma dernière nouvelle intitulée Entre les branches :
« L’Arbre, un grand saule pleureur avec qui je vivais depuis toujours, était la principale source de mon malheur. J’ignorais beaucoup de chose à son égard, celui-ci préférant demeurer laconique et silencieux. En outre, l’aspect revêche et renfrogné de son visage me terrifiait, ce qui ne me donnait aucunement envie de communiquer avec lui. Les branchages, qui plafonnaient et emmuraient l’asile à l’intérieur duquel je me trouvais, servaient de remparts, m’isolant du monde extérieur qui représentait pour moi une menace, selon ce que l’Arbre m’avait répété au cours de mon éducation. Son tronc s’élevait au centre, et ses feuilles surplombaient l’espace au-dessus de moi, tombant mollement jusqu’au sol, comme si elles représentaient les larmes d’un être abattu et désenchanté par l’existence.
J’étais incapable de grimper l’Arbre jusqu’à son sommet. Limité à une certaine hauteur qui m’obligeait à demeurer sous les feuilles, je ne devais pas voir le ciel. Lorsque je n’obéissais pas aux ordres du saule pleureur, des racines qui saillaient du sol me flagellaient en guise de punition. Je n’osais pas résister, malgré le fait que je comprenais de plus en plus la tromperie qui m’aveuglait... »

lundi 11 août 2008

À propos d'Albert Caraco

« Mais à quoi bon prêcher ces milliards de somnambules, qui marchent au chaos d’un pas égal, sous la houlette de leurs séducteurs spirituels et sous le bâton de leurs maîtres ? Ils sont coupables parce qu’ils sont innombrables, les masses de perdition doivent mourir, pour qu’une restauration de l’homme soit possible. Mon prochain n’est pas un insecte aveugle et sourd, n’est pas un automate spermatique. Que nous importe le néant de ces esclaves ? Nul ne les sauve ni d’eux-mêmes, ni de l’évidence, tout se dispose à les précipiter dans les ténèbres, ils furent engendrés au hasard des accouplements, puis naquirent à l’égal des briques sortant de leur moule, et les voici formant des rangées parallèles et dont les tas s’élèvent jusqu’aux nues. Sont-ce des hommes ? Non, la masse de perdition ne se compose jamais d’hommes » (Bréviaire du chaos)

Albert Caraco est un écrivain français né à Constantinople en 1919 et mort en 1971. Son œuvre, à caractère philosophique, est imprégnée de pessimisme et de noires idées. Suite à la Seconde Guerre mondiale, sa famille et lui-même se sont réfugiés en Amérique du Sud en raison de leur origine juive, et il y reçut une éducation catholique qu'il rejettera par la suite. Lors de son retour en France, il s'installera à Paris, débutant son œuvre en écrivant durant six heures à tous les jours. Il projeta sa mort, affirmant vouloir se tuer suite au décès de ses parents. C'est quelques heures suite à la mort de son père qu'il se pendit.
J'ai pu me faire un premier aperçu de l'écrivain avec la lecture de son livre Essai sur les limites de l'esprit humain. En effet, l'œuvre recèle une grande noirceur, mais les idées de Caraco ne sont pas toujours claires. Il faut savoir que l'écrivain français ne corrigeait jamais ses textes, et que tous ses livres sont le résultat d'un seul jet d'écriture. Les mêmes idées reviennent souvent, et jamais elles ne sont vraiment approfondie, ce qui laisse croire que Caraco ne cherchait aucunement à être clair ou à être compris de ses lecteurs. Bref, Essai sur les limites de l'esprit humain est une sorte de journal intime plutôt qu'une œuvre destinée à partager une certaine vision ou interprétation du monde.

lundi 30 juin 2008

Fantasia 2008 et autres frivolités

Me voici en vacances, malgré le fait qu'il me reste encore une dissertation à composer. J'ai profité des derniers jours pour faire des lectures un peu plus personnelles ainsi que pour écrire une nouvelle que j'avais à l'esprit depuis quelques temps déjà. Je compte bien profiter de mon temps libre pour écrire !
C'est cette semaine que débutera le festival Fantasia 2008. La liste des films que j'irai voir est celle-ci :
Sukiyaki Western Django ; [Rec] ; Mother of tears ; Peur(s) du noir ; Bad Biology ; Tokyo Gore Police ; Akanbo Shojo ; Repo : the Genetic Opera ; Midnight Meat Train ; Dance of the Dead
Sinon, je lis présentement un livre d'Albert Caraco, prosateur dont les écrits sont plutôt philosophiques, malgré ce que pourraient en dire les "philosophes" – j'entend ici ceux qui enseignent la philosophie dans les universités, s'attribuant le titre de "philosophe" comme si cela consistait en un simple métier. Peut-être serait-il intéressant d'écrire éventuellement un petit article sur Caraco, cet écrivain méconnu, souvent comparé à Cioran ?

mardi 17 juin 2008

Les Lumières


Suite à une étude à propos des Lumières, il serait intéressant d'écrire un peu sur le sujet. Au XVIIIe siècle, les conditions de vie se sont améliorées en Europe, principalement en raison de la hausse du développement économique, sans compter l'embryon de la révolution industrielle qui prenait forme en Angleterre. Ainsi, les intellectuels sont devenus optimistes.

Des penseurs comme John Locke et Newton sont certainement à l'origine des Lumières (il ne faut pas non plus nier les influences de penseurs comme Francis Bacon, à l'origine de la méthode inductive en science, ainsi que de Copernic, Galilée, etc.). Qu'est-ce que les Lumières ? Est-ce que ce fut une philosophie ? Pas exactement, malgré le fait qu'il y eut bel et bien une philosophie des Lumières. C'est plutôt un mouvement intellectuel qui a englobé beaucoup plus de domaines que la seule philosophie. Par exemple, les "despotes éclairés" tels que Frédéric II ou Catherine la Grande étaient des politiciens, le premier roi de Prusse et la seconde impératrice de Russie. Ces derniers ont tenté d'approcher les philosophes des Lumières afin de gouverner dans leur royaume selon une politique éclairée, du moins en apparence.

En France, il y eut un grand mouvement anglophile, les idées anglaises ayant été diffusées parmi les intellectuels français par l'entremise de Voltaire ; ce dernier avait été exilé en Angleterre pour avoir insulté un aristocrate, et il a fait la découverte des idées de Locke, de Newton ainsi que de la monarchie anglaise qui avait été transformée depuis plus d'un siècle, la révolution anglaise datant du XVIIe siècle. Ainsi, Rousseau se basa sur la philosophie de Locke pour rédiger son Contrat social qui allait tant influencer les révolutionnaires à venir.

Les idées de tolérance, de liberté et d'égalité prenaient de l'essor chez les intellectuels du XVIIIe siècle. On voulait abolir les superstitions des religieux, la religion étant pointée du doigt par plusieurs penseurs des Lumières. « Écrase l'infâme ! », affirmait Voltaire, qui allait vite se rendre compte avec tous les autres Lumières que le catholicisme était plus difficile à écraser qu'il en avait l'air. En effet, durant la seconde moitié du XVIIIe siècle, les optimistes devinrent de plus en plus pessimistes. L'Encyclopédie, oeuvre de Diderot et d'Alembert, aura suscité d'énormes difficultés à l'égard de ses deux auteurs. Certains religieux voulurent censurer l'oeuvre en question, ce qui fut accordé. Mais Malesherbes, le responsable de la censure, était du côté de Diderot, et il invita celui-ci à cacher les manuscrits servant à la rédaction de L'Encyclopédie dans sa propre maison.

« Que devenir ? s'écriait [Diderot] ; comment, en vingt-quatre heures, déménager tous mes manuscrits ? Je n'ai pas le temps d'en faire le triage. Et surtout où trouver des gens qui veuillent s'en charger et qui le puissent avec sûreté ? - Envoyez-les tous chez moi, répondit M. de Malesherbes, on ne viendra pas les y chercher. »



Il y aurait tant à mettre de l'avant à propos des Lumières, mais je ne voulais écrire que quelques mots à propos de ce mouvement important de l'histoire moderne. Les jours à venir seront consacrés à des études et à des travaux scolaires. Ensuite, j'aurai deux mois de vacances bien mérités. J'envisage consacrer du temps à la rédaction d'une nouvelle que je planifie depuis quelques temps, ainsi qu'à quelques lectures – sans oublier la musique ! Et voilà pour le message de ce soir.

samedi 7 juin 2008

Extraits d' «Obsessions et phobies» (1894)


Les obsessions distinguées des phobies

Des phobies, cet état émotif est toujours l'angoisse, pendant que dans les obsessions vraies ce peut être au même titre que l'anxiété un autre état émotif, comme le doute, le remords, la colère. Je tâcherai d'abord d'expliquer le mécanisme psychologique vraiment remarquable des obsessions vraies, qui est bien différent de celui des phobies.
Dans beaucoup d'obsessions vraies, il est bien évident que l'état émotif est la chose principale, puisque cet état persiste inaltéré pendant que l'idée associée est variée. Les personnes qui doutent, doutent de beaucoup de choses à la fois ou successivement. C'est l'état émotif qui, dans ces cas, reste le même : l'idée change. En d'autres cas l'idée aussi semble fixée [...]. Eh bien, une analyse psychologique scrupuleuse de ces cas montre que l'état émotif, comme tel, est toujours justifié.

Substitution comme marque distinctive des obsessions

[...] c'est dans ces deux caractères que consiste l'empreinte pathologique : 1) l'état émotif s'est éternisé, 2) l'idée associée n'est plus l'idée juste, l'idée originale, en rapport avec l'étiologie de l'obsession, elle en est une substitution.
La preuve en est qu'on peut toujours trouver dans les antécédents du malade, à l'origine de l'obsession, l'idée originale, substituée. Les idées substituées ont des caractères communs, elles correspondent à des impressions vraiment pénibles de la vie sexuelle de l'individu que celui-ci s'est efforcé d'oublier. Il a réussi seulement à remplacer l'idée inconciliable par une autre idée mal appropriée à s'associer à l'état émotif, qui de son côté est resté le même. C'est cette mésalliance de l'état émotif et de l'idée associée qui rend compte du caractère d'absurdité propre aux obsessions.

Éléments théoriques

Quant à la théorie de cette substitution, je me contenterai de répondre à trois questions qui se posent ici :
i. Comment cette substitution peut-elle se faire? -- Il semble qu'elle est l'expression d'une disposition psychique spéciale. Au moins rencontre-t-on dans les obsessions assez souvent l'hérédité similaire, comme dans l'hystérie.
ii. Quel est le motif de cette substitution? -- Je crois qu'on peut l'envisager comme un acte de défense (Abwehr) du moi contre l'idée inconciliable.
iii. Pourquoi l'état émotif associé à l'idée obsédante s'est-il perpétué, au lieu de s'évanouir comme les autres états de notre moi? [référence aux études sur l'hystérie] par le fait même de la substitution, la disparition de l'état émotif devient impossible.

Les phobies

A ces deux groupes d'obsessions vraies s'ajoute la classe des « phobies », qu'il faut considérer maintenant. J'ai déjà mentionné la grande différence des obsessions et des phobies; que dans les dernières l'état émotif est toujours l'anxiété, la peur. Je pourrais ajouter que les obsessions sont multiples et plus spécialisées, les phobies plutôt monotones et typiques.
Mais ce n'est pas une différence capitale.
On peut discerner aussi parmi les phobies deux groupes, caractérisés par l'objet de la peur:
1. phobies communes: peur exagérée des choses que tout le monde abhorre ou craint un peu :
la nuit, la solitude, la mort, les maladies, les dangers en général, les serpents, etc.;
2. phobies d'occasion, peur de conditions spéciales, qui n'inspirent pas de crainte à l'homme sain, par exemple l'agoraphobie et les autres phobies de la locomotion. Il est intéressant de noter que ces dernières phobies ne sont pas obsédantes comme les obsessions vraies et les phobies communes. L'état émotif ici ne parait que dans ces conditions spéciales que le malade
évite soigneusement.
Le mécanisme des phobies est tout à fait différent de celui des obsessions. Ce n'est plus le règne de la substitution. Ici on ne dévoile plus par l'analyse psychique une idée inconciliable,
substituée. On ne trouve jamais autre chose que l'état émotif, anxieux, qui par une sorte d'élection a fait ressortir toutes les idées propres à devenir l'objet d'une phobie.
Dans le cas de l'agoraphobie, etc., on rencontre souvent le souvenir d'une attaque d'angoisse,
et en vérité ce que redoute le malade c'est l'événement d'une telle attaque dans les conditions spéciales où il croit ne pouvoir y échapper. L'angoisse de cet état émotif, qui est au fond des phobies, n'est pas dérivé d'un souvenir quelconque; on doit bien se demander quelle peut être la source de cette condition puissante du système nerveux. [...] les phobies font partie de la névrose anxieuse, et elles sont presque toujours accompagnées d'autres symptômes de la même série.
La névrose anxieuse est d'origine sexuelle, elle aussi, autant que je puis voir, mais elle ne se rattache pas à des idées tirées de la vie sexuelle : elle n'a pas de mécanisme psychique, à vrai dire. Son étiologie spécifique est l'accumulation de la tension génésique fruste (pour donner une formule générale pour l'effet du coït interrompu, de l'impuissance du mari, des excitations sans satisfaction des fiancés, de l'abstinence forcée, etc.).

jeudi 5 juin 2008

La Maladie à la mort

La Maladie à la mort, également connu sous le titre du Traité du désespoir, est une oeuvre de Søren Kierkegaard (1813-1855), philosophe Danois et père de l'existentialisme. C'est sous le pseudonyme humoristique d'Anti-Climacus que Kierkegaard a signé son ouvrage.
Cette oeuvre, qui peut être considérée comme « trop rigoureuse pour être édifiante, et trop édifiante pour être rigoureusement scientifique », débute en affirmant que la science, par sa méthode historico-critique indifférente à l'élévation spirituelle, n'est qu'une curiosité inhumaine. Oser devenir soi-même, c'est-à-dire un homme individuel et seul devant Dieu, c'est cela l'héroïsme et le sérieux véritable que seul le chrétien peut posséder selon Kierkegaard. Ceux qui ne se soucient pas de sa propre réalisation en visant Dieu sont considérés comme des désespérés. En quoi consiste le désespoir ? Pour Kierkegaard, c'est une impasse existentielle, une maladie menant à la mort spirituelle, celle-ci étant « la plus grande misère de l'esprit ».
Selon Kierkegaard, le mal suprême n'est pas la mort biologique, mais la mort spirituelle, ou le désespoir. C'est pourquoi il traite du chrétien en tant qu'individu ayant « reçu comme chrétien un courage inconnu de l'homme naturel, [...] en apprenant à craindre ce qui est plus terrible encore que la mort ».
L'homme est un esprit, un « moi » qui résulte de la synthèse entre l'âme et le corps. Quand au devenir de l'esprit, il provient d'une réflexion sur soi. Bref, l'esprit est une synthèse entre l'infini et le fini. Kierkegaard affirme que l'homme qui désire devenir soi-même ne peut se réaliser seul. Les malades, ou les désespérés, croient pour leur part qu'il est possible de se réaliser seul. Cependant, c'est pour Kierkegaard une grave erreur de croire que l'homme peut être indépendant de Dieu. Pour guérir du désespoir, il faut qu'il y ait une harmonie d'une relation de différence et de dépendance entre l'être humain et Dieu. Ainsi, « le moi qui se rapporte à lui-même et veut être lui-même devient transparent et se fonde en la puissance qui l'a posé ».
Le désespoir consiste en un privilège de l'homme sur l'animal, témoignant de la sublimité qui fait de l'être humain un esprit. Cependant, selon Kierkegaard, le désespéré est un esprit inférieur, toute possibilité étant abolie dans ses pensées subjectives. L'être désespéré est au stade esthétique (à prendre dans le sens de « sensation »), existant dans l'immédiateté de l'instant et des sens, errant sans ancrage. Si le désespéré découvre son propre désespoir, diverses possibilités s'ouvriront à lui. Il pourra prendre des décisions, l'alternative « ou bien... ou bien... » apparaissant devant l'être humain qui aura pu s'élever au stade éthique. De l'esthétique à l'éthique, l'indifférence passe à l'évaluation conscientielle. Toutefois, l'être éthique demeure désespéré, malgré le pas qu'il a fait vers le christianisme. C'est que pour atteindre le stade religieux, ou dogmatique, l'homme doit nier toutes possibilités et s'ancrer dans le réel tout en possédant une félicité propre aux chrétiens qui ont une véritable foi en l'Inconnu, c'est-à-dire en Dieu. L'homme éthique connaît son désespoir, mais il ne possède pas la foi. Il aimerait expliquer Dieu, mais le paradoxe surgit entre son être fini et l'infini du divin qu'il ne peut comprendre. Le religieux pour sa part surpasse le paradoxe par le biais de la foi, acceptant l'Inconnu, Dieu ne pouvant être appréhendé objectivement...

Alors que bien des philosophes ont forgé des systèmes philosophiques froids, se prenant au sérieux, Kierkegaard a opté pour une philosophie subjective, anti-systématique, chaque livre étant signé sous un pseudonyme différent. En effet, Kierkegaard aimait jouer différents rôles dans ses écrits, le masque étant omniprésent dans son oeuvre, malgré quelques rares livres signés de son véritable nom. Dans la philosophie kierkegaardienne, les contradictions foisonnent, et les perspectives ne sont jamais les mêmes... Bref, c'est un philosophe qui mérite d'être lu et apprécié.

mercredi 4 juin 2008

Ouverture de mon blog

Bonjour.
C'est la première fois que je crée un blog. La grande question était celle-ci : si je me créais un blog, que pourrais-je bien y mettre ? En y réfléchissant un peu, je crois que bien des choses intéressantes peuvent être postées pour les errants du web qui aiment visiter les pages personnelles des autres. Mon blog contiendra des réflexions philosophiques et artistiques. En outre, j'écrirai à propos de mes créations, de mes projets au niveau de l'écriture, de la philosophie et de la musique.
Bonne visite !
David