mercredi 18 février 2009

Moment d'hésitation

Depuis quelques jours, je ne cesse de m'interroger à propos de la rigueur philosophique. Ceux qui s'intéressent à la philosophie et qui ont de bonnes connaissances dans le domaine savent certainement qu'il y a des philosophes plus « sérieux » que d'autres. Par exemple, les Recherches logiques d'Edmund Husserl s'avèrent beaucoup plus complexes et recherchées que les aphorismes d'un Cioran ; ou encore les critiques kantiennes, qui sont, et de loin, plus compliquées que les essais d'Albert Camus.
Pourquoi je me questionne à ce sujet ? C'est car je doute sur la manière que je veux écrire. Devrais-je créer librement seulement lorsqu'il s'agit de fiction ? Écrire des essais qui se voudraient rigoureux et le plus « objectifs » possible ? Concilier la rigueur et l'abandon à la façon de Nietzsche ? En effet, son livre Ecce homo est très subjectif, puisque c'est un homme à moitié fou qui l'écrivit. Mais je trouve cette oeuvre très touchante, malgré la radicalité des propos...
Bref, je m'interroge, et j'ai le sentiment qu'il n'y a guère de réponses décisives.

3 commentaires:

Philippe-Aubert Côté a dit…

Écris comme tu veux mais de grâce respecte ce principe que bien des philosophes négligent: arrange-toi pour que tout le monde te comprenne!

:-)

Tu seras d'autant plus intéressant à lire et peu d'imbéciles pourront déformer tes propos dans des interprétations sans fin...

Jean-Louis Trudel a dit…

Philosophie sans rigueur n'est que littérature... mais cela ne veut pas dire que la littérature ne peut pas être philosophique.

J'ai lu des philosophes qui écrivaient sur des sujets qu'ils ne maîtrisaient point (en particulier dans les sciences et techniques). C'est la meilleure façon de ne rien dire d'intéressant. Et ne parlons pas de ceux qui sautent du coq à l'âne, sans arriver à raisonner de manière suivie.

Certes, il est aussi possible de travailler le plus rigoureusement du monde sur un champ clos, et si fermement clos qu'il paraîtra hermétique au reste du monde. Mais les initiés respecteront au moins la rigueur du travail.

Cela étant dit, certains proses philosophiques plus poétiques sont des démonstrations en soi de leur sujet et on ne peut les écarter en raison de leur forme. Elles disent autrement ce qu'elles veulent exprimer, y compris peut-être la conclusion qu'on ne peut pas tout exprimer avec des mots.

Conclusion? Avant de choisir, il faudrait peut-être répondre à deux questions : le contenu dicte-t-il la forme? et qu'est-ce que faire de la philosophie?

David Hébert a dit…

Philippe Aubert Côté : héhé, c'est vrai que plusieurs philosophes sont complètement incompréhensibles (je pense entre autres à Heidegger). Il est peu plaisant de lire une oeuvre dont le propos est obscur et dont on "croit" en saisir le sens qui s'avère en vérité incompréhensible... Ça crée ce que tu dis : "des interprétations sans fins" ! ;)

Jean-Louis Trudel : le débat à propos de l'union entre philosophie et littérature est des plus intéressants. Depuis le "Qu'est-ce que la littérature" de Jean-Paul Sartre, on n'a jamais cessé d'écrire sur le sujet !

Les allégories abondent effectivement dans l'histoire de la philosophie ; qu'on pense au démiurge de Platon ou encore au bloc de cire chez Descartes. Il est vrai que de telles métaphores n'expliquent rien, mais elles montrent l'indéfini et permettent malgré tout de bien saisir l'inexplicable. En plus, ce sont des images très poétiques, ce qui rend les oeuvres plutôt agréables à lire. :)

C'est vrai qu'une réponse à la question "Qu'est-ce que faire de la philosophie ?" ne peut que déterminer (en partie du moins) le style d'écriture de l'écrivain-philosophe. La philosophie en elle-même est interprétée de plusieurs façons, ce qui rend les choses bien difficiles. Peut-être est-ce un bon point de départ que de s'interroger sur ce qu'elle est ? Peut-être est-ce même "le" commencement de la philosophie. ;)