lundi 8 février 2010

L'univers sinueux d'Acquefacques


Je n'ai pas écrit une seule ligne ici depuis plusieurs semaines. La raison est simple : le temps me manque, et je préfère mettre l'accent sur ce que je privilégie, au détriment de ce blogue que je n'ai d'ailleurs aucunement abandonné. J'en profite néanmoins pour faire une critique d'une bande dessinée qui m'a été conseillée par des amis, que je remercie pour la découverte.
Depuis mon enfance, époque où je me livrais quotidiennement aux lectures de bandes dessinées telles que Tintin, Astérix ou encore Boule et Bill, je n'ai pratiquement lu aucune BD, et c'est seulement à ce jour (tard, j'en conviens) que je m'aperçois qu'il en existe d'excellentes, plus sombres, avec des idées originales et dignes d'intérêt qui ne peuvent être réalisées que dans un tel format. C'est du moins l'impression que m'a laissée L'Origine (1990) de Marc-Antoine Mathieu, premier tome d'une série qui relate les aventures de Julius Conrentin Acquefacques. L'histoire commence lorsque ce dernier, un employé du Ministère de l’Humour qui ne se démarque en rien des autres employés, reçoit un jour une enveloppe, à l’intérieur de laquelle il découvre une page de bande dessinée qui raconte sa propre histoire – une page de L’Origine, la bande dessinée en question dans ce billet (!). C’est alors que Julius prend conscience de sa propre aventure par le biais de pages qu’on lui envoie mystérieusement…
Le monde dans lequel évolue Acquefacques est sorti tout droit de l’univers des romans de Franz Kafka. Le nom de ce personnage n’est en effet que l’envers de « Kafka », et l’humour s’avère aussi absurde que celui que l’on retrouve par exemple dans Le château. De plus, les décors dans lesquels l’histoire se déroule ressemblent grandement à ceux qui caractérisent le film Brazil du réalisateur Terry Gilliam. L’atmosphère est noire, grotesque, et les personnages semblent à première vue complètement illogiques.
Quant à l’histoire, l’idée centrale, bien qu’elle soit simple, est d’une originalité toute particulière, puisqu’elle amène une réflexion sur la création artistique en elle-même. L’Origine consiste en une mise en abîme qui se prolonge à l’infini, et où le temps joue un rôle particulier, compte tenu le personnage qui s’observe lui-même dans le passé et le futur par l’entremise de pages qui racontent sa propre aventure, laquelle se déroule à l’instant même où il la lit. Et que dire de la fameuse « anti-case », dont je ne révélerai pas le mystère ici ? L’Origine est donc une bande dessinée qui en vaut grandement le coup, tant pour l’originalité des idées qui s’y trouvent que pour l’esthétique et l’atmosphère absurde qui s’en dégage. La lecture du premier tome m'a donné envie de continuer la série, et de considérer de plus près l'univers de la BD. Le Naufragé de Memoria m'a d'ailleurs été conseillé. Ce sera probablement dans mes prochaines lectures...


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