samedi 17 janvier 2009

Les défuntes "idoles"

Comme il est rassurant de constater qu'on se souvient des grands personnages qui ont jalonné et traversé l'histoire pendant des dizaines, des centaines, des milliers d'années ! N'est-ce pas une belle preuve de l'immortalité de l'âme humaine ? Homère est toujours actuel ; Platon élève encore les contemporains jusqu'aux "idées éternelles". Quant à Descartes, il enseigne continuellement à l'espèce humaine comment apprendre avec prudence et méthode, tandis que Kant nous étourdit ad aeternam par le retournement qu'il a opéré par sa révolution copernicienne... Que d'idoles défuntes reprennent vie par l'entremise de leurs oeuvres, qui subsistent au cours des siècles ! L'être humain est devenu immortel ! Par le langage il est immortel ! En raison des mots... Des mots ?...

Il est si ridicule de se pâmer devant ces "grands penseurs", de croire en leur existence actuelle en observant leurs bustes et portraits. Tout cela n'est qu'un tas de phrases et d'images tracées dans un passé vide – du néant ! Les aventures d'Ulysse, le monde intelligible de Platon, les méditations cartésiennes, la "chose en soi" kantienne : rien ! Des mots que des hommes ont collé à la réalité, cette même réalité dont tous et chacun ont conscience en cet instant même...

Les idoles nues ne sont que des symboles risibles...

13 commentaires:

Philippe-Aubert Côté a dit…

On dirait que t'es tombé dans l'oeuvre de Michel Onfray... En tout cas j'y vois le même aspect critique ;-)

David Hébert a dit…

Je n'ai pas lu beaucoup Onfray, mais ce que je connais de ce dernier me plaît beaucoup (le côté libertin, cynique et hédoniste de sa philosophie). :)

Gabriel a dit…

Très beau le passage. Bien écrit et très critique. Oui, je suis d'accord avec Philipe. C'est très critique et près d'Onfray.
L'à s'arrête mon accord. J'ajouterais que je ne suis pas non plus d'accord avec Philippe qui dit que ça "sonne" près de Onfray même si l'esprit critique est là.
Oui, Onfray critique Descartes, Kant, Platon et la grande tradition idéaliste, mais il reste que sans le conflit entre cette tradition et celle qui défend le moment, l'instant, le matérialisme, etc., il n'y aurait rien.

J'ai beaucoup lu Onfray et j'ai même un moment voulu l'étudier de manière "académique", mais bon... Jamais l'institution (surtout pas l'UdeM) n'aurait accepté. Cela dit, j'ai senti dans Onfray et l'érudition qu'il présente dans ses écrits une volonté de montrer les deux faces de la culture contemporaine. Il défend certes un côté plus que l'autre, mais il dit explicitement "Pas de Descartes sans Montaigne". Il fait l'archéologie d'une contre-philosophie sans vouloir réduire celle existante au néant. Il est même un ardent défenseur de la culture.

Enfin! Ça fait long et j'arrête... Reste que je serais curieux de savoir ce qui serait dit de la culture dans une suite de ce texte.

Philippe-Aubert Côté a dit…

Ah? Je dis que ça "sonne" près d'onfray? Curieux, où l'ai-je écrit? Quand au reste de ton commentaire tu sembles me prêter des idées que 1) je ne partage pas et que 2) tu ne peux vraiment pas me prêter parce qu'elles ne sont sûrement pas déductibles du court commentaire que j'ai écrit. Je ne vois pas du tout le rapport entre moi et ton commentaire, bref.

Gabriel a dit…

Tu as raison Philippe... Mes excuses. À partir de ton petit commentaire ne présentant rien de tes idées je me suis lancé dans quelque chose qui ne te représente sans doute pas. Pardonne-moi. Je ne faisais que prendre ton commentaire comme soutien à ce que je disais. Je ne te visais pas personnellement, ni tes idées, mais bien ce que je comprenais des 3 lignes de ton commentaires ;). Je n'ai peut-être pas été assez distant de ton commentaire. Désolé.
Reste que ce malentendu m'inspire une petite note pour mon blogue... On en reparle.

Philippe-Aubert Côté a dit…

Hé hé. Bah, ce n'est pas la fin du monde, je ne mords pas. Ou si peu ;-)

David Hébert a dit…

"J'ai beaucoup lu Onfray et j'ai même un moment voulu l'étudier de manière "académique", mais bon... Jamais l'institution (surtout pas l'UdeM) n'aurait accepté."

Je trouve dommage que ce soit ainsi (car en effet, je crois bien qu'il soit difficile de travailler sur la philosophie d'Onfray).
Pour ce qui est d'écrire à propos de la culture, il y aurait beaucoup à dire, mais j'y réfléchirai dans le but d'écrire un petit quelque chose à ce propos.

Aigo a dit…

Bah,ma question risque de paraître naïve, mais pourquoi ne pourrait-on pas étudier Michel Onfray à l'UdM?

David Hébert a dit…

Peut-être n'est-ce pas totalement impossible, mais en général, les enseignants universitaires en philosophie ne considèrent pas Michel Onfray comme un philosophe "sérieux" qui mériterait d'être étudié.
J'ai toutefois un enseignant qui a mis un petit texte d'Onfray dans notre recueil d'éthique. :)

Gabriel a dit…

Je ne connais pas tout les profs de l'UdeM, mais je doute fort qu'un d'eux accepte même de recevoir un travail sur lui. En littérature comparée peut-être, mais c'est une autre histoire... Enfin, une citation peut passer, surtout si elle soutient le point.
Reste qu'après avoir lu toute l'oeuvre d'Onfray, je reste un peu sceptique sur l'intérêt de faire un travail aussi énorme qu'un mémoire ou une thèse sur Onfray. Il a peu de contenu "original". Comme il le dit lui-même. Il se veut une sorte d'archéologue qui fait sortir de l'histoire les oublier. Il interprète et organise ce "nouveau vieux " savoir de manière originale, mais sans grande nouveauté. En plus, un travail de recherche sur un auteur contemporain est toujours problématique par rapport au manque de commentaire fait sur ledit auteur. Onfray n'est que peu commenté. On le remercie pour son travail archéologique. On note son nom un peu partout (j'ai lu plusieurs livres (dans mon domaine, le XVIIIe) le remerciant de son travail sur les matérialistes, les libertins, etc...), mais il n'y a pas de réel commentaire complet et direct sur lui... si on exclu les multiples articles pro-religion qui ont été publier contre son livre "traité d'athéologie". Personnellement, j'aime beaucoup son travail parce qu'il m'ouvre des perspectives que je n'avais pas remarquées sur des auteurs moins connus (j'ai grâce à lui découvert les cyrénaïques et j'ai insisté auprès de M. Dorion, spécialiste du monde hellénique, d'en glisser quelques mots dans son cours sur la philo de cette époque)... enfin... Voilà!

Jean-Louis Trudel a dit…

La question fondamentale qui est posée ici, c'est la nature du moi. Sommes-nous autre chose que nos corps et nos pensées? Pour un philosophe comme Daniel Dennett, le fait même de penser comme une autre personne peut être littéralement interprétée comme la résurrection d'une petite partie de cette personne. (Tout comme un programme qui roule sur un ordinateur est aussi réellement lui-même que lorsqu'il tournait sur l'ordinateur du programmeur d'origine.) En nous plongeant dans les écrits et la pensée de ces personnes, nous les arrachons justement aux textes qui sont aussi inertes que les lignes de code d'un programme en attente de compilation...

Vrai? Faux? Une autre façon de voir la chose, en tout cas.

David Hébert a dit…

J'aime beaucoup l'analogie entre la pensée d'un individu et le programme informatique. Ce sont effectivement deux choses plutôt semblables, la pensée se transmettant par l'entremise des mots tout comme le programme à l'aide de codes binaires.
Cela porte comme vous le dite à s'interroger sur la nature du moi. Est-ce un "code symbolique" à la manière du programme informatique ? D'un autre côté, est-ce trop réducteur ?...

Jean-Louis Trudel a dit…

Il ne faut pas pousser trop loin l'analogie; Dennett ne prétend pas que les pensées sont l'expression d'un programme. S'il propose cette comparaison, c'est pour casser le réflexe qui nous fait prendre pour forcément unique et non-reproductible ce qui se passe dans nos têtes. C'est une approche non-essentialiste qui pose justement qu'il n'y a pas de programme, qu'il n'y a pas de moi, qu'il n'y a que les pensées que nous remuons et que si une autre personne est capable d'avoir les mêmes, spontanément, elle sera pour un moment la même personne pensante que moi.

Ergo, Pierre Ménard n'a peut-être pas écrit Don Quichotte, mais il aura été Miguel de Cervantes si Borges ne ment pas.