dimanche 11 janvier 2009

La vérité : l'ennemi du philosophe


Le philosophe est-il un chercheur de vérités ? Il est avant tout un être qui aime apprendre, un penseur qui s'amuse à élargir sans cesse son bagage de mots et de symboles. Autrement dit, c'est un ami de la sagesse, soit quelqu'un qui apprécie les divers savoirs. Qu'en est-il de la vérité ? De prime abord, elle n'a rien à voir avec la philosophie, puisque le philosophe s'interroge et cherche des réponses sans toutefois s'arrêter sur l'unes d'entre elles. Il est possible de penser aux sceptiques, qui doutaient de tout, de même qu'aux cyniques, qui se moquaient sans cesse des valeurs humaines. Je n'oublie pas Socrate, qui s'affirmait ignorant à propos de bien des choses... Alors pourquoi plusieurs philosophes ont-ils écrit des oeuvres dans lesquelles des systèmes supposément "vrais" – du moins "certains" – ont été exposés ? Le dogmatisme foisonne dans l'histoire de la philosophie. Les oeuvres de plusieurs philosophes notoires sont remplies de prétentions à une ou plusieurs vérités, ce qui fait d'eux d'incontestables mystiques.

Là où il y a questionnement, il y a philosophie, et celle-ci s'arrête lorsque des réponses sont mises de l'avant. Si un examen approfondi serait élaboré à l'égard des oeuvres reconnues de l'histoire de la philosophie dans le but de les démystifier, il n'y en aurait que très peu d'épargnées aux yeux d'un sceptique ! Il est certain que plusieurs penseurs ont écrit selon les valeurs de leur époque, et cela peut leur être pardonné, mais les penseurs contemporains qui tombent dans le piège de l'occultisme ne peuvent qu'apparaître ridicules...

2 commentaires:

Gabriel a dit…

Je suis d'accord avec ce que tu dis. Trop de philosophes affirment être dans le "vrai" et proposent pour y parvenir d'énormes systèmes théoriques abstraits et sans lien avec l'expérience et qui serait de très peu de valeur face à un sceptique ou un cynique.

Il reste qu'il faudrait s'imaginer le monde en regardant à cette époque "béni" qu'était celle que l'on nomme hellénique. L'époque des sceptiques, des cyniques, mais aussi des épicuriens, des stoïciens et des cyrénaïques. Dans ce temps (et dans d'autres) on proposait avant tout des visions du monde et des modes de vie. Les systèmes parfois complexes (je pense ici à la physique stoïcienne) n'était qu'un outil, qu'un élément découlant de leurs morales. L'effet sur le monde était réel, présent. Oui, il y avait une aspiration à la vérité, mais c'était une "vérité si". C'est ma présomption.

Oui, la philosophie est un questionnement, mais il ne peut y avoir remise en doute s'il n'y a pas proposition. Il faut des philosophes qui proposent des réponses pour que le débat continue et pour que le débat continue toujours et qu'il y ait toujours des questions. Il doit y avoir des réponses solides et pour qu'elles soient solides, il faut que leurs auteurs aient un minimum de "foi" en leurs travaux.

Voilà, peut-être un peu mon intérêt pour les polémistes comme La Mettrie, mais aussi Diderot, Montaigne (bon... il n'est pas polémiste, mais il propose autant qu'il critique) et d'autres (pas nécessairement polémiste, mais autant proposeur que critiqueur.

David Hébert a dit…

C'est vrai qu'un philosophe a tendance à proposer une vision du monde, une interprétation qu'il se forge de la réalité, et cela ne peut conduire qu'à élargir les points de vue des philosophes futurs qui lisent les oeuvres de leurs prédécesseurs.
J'apprécie beaucoup voir le monde à travers les idées des divers philosophes que je lis. Quoi de plus plaisant que de s'imaginer des "idées éternelles", de concevoir une substance pouvant être saisie selon deux points de vue tel que l'affirmait Spinoza, ou encore de chercher à comprendre ou à ressentir cette fameuse "chose en soi" ?
Par contre, rien de tout cela n'est "vrai", puisque ce ne sont que des mots ; mais les expériences de pensée que ces idées permettent sont des plus intéressantes. :)