samedi 5 juin 2010

Brazil de Terry Gilliam


Récemment, j'ai revu l'un des films qui m'a probablement le plus marqué jusqu'à ce jour, et qui m'a grandement influencé dans mes goûts artistiques, et peut-être même dans les quelques histoires que j'ai écrites. Il s'agit de Brazil, film réalisé par Terry Gilliam et sorti en salle en 1985. L'histoire se déroule dans un monde dystopique dérangeant à souhait qui rappelle fortement l'univers de 1984. En voici un résumé :
Suite à une erreur administrative, une mouche ayant tombé dans la machinerie du Ministère de l’Information, Archibald Buttle, un citoyen ordinaire et père de famille, est arrêté et exécuté à la place de Harry Tuttle, un rebelle chauffagiste recherché par l’État. Sam Lowry, un fonctionnaire bien commun, tentera par la suite d’élucider l’erreur afin de dédommager la famille Buttle. Mais du coup, il deviendra ennemi de l’État et se mettra en danger en quittant le droit chemin valorisé par la société dans laquelle il vit. D’autant plus qu’il se désintéressera du monde artificiel qui l’entoure après avoir mystérieusement croisé la femme de ses rêves…


Terry Gilliam s’est d’abord fait connaître pour avoir fait partie du groupe d’humoristes britanniques les Monty Python, avant de se lancer ensuite dans une carrière solo de cinéaste. Brazil est l’un de ses premiers longs métrages indépendants, qui est par ailleurs devenu à ce jour un film culte. Et avec raison, car ce film mélange avec brio la noirceur décadente et l’humour noir.
L’univers dans lequel évolue les nombreux personnages, tous plus grossiers les uns que les autres, n’est d’ailleurs pas sans rappeler l’atmosphère qui se dégage des romans de Kafka ou d’Orwell : les rues sont remplies de déchets, les dédales complexes se tordent dans tous les sens, des tuyaux affreux qui respirent à la manière d’un organisme vivant ornent toute la ville… Il est difficile de ne pas se sentir étouffer dans ce monde peu enviable qui semble apprécié des divers personnages, qui apparaissent naïfs et aliénés comme jamais par leur travail douteux et leur vie machinale.


Quant au thème musical du film, qui n’est autre que la chanson Brazil du compositeur Ary Barroso, la mélodie joyeuse et les paroles positives sont utilisées d’une manière purement ironique par Gilliam. Le sarcasme et le cynisme abondent par ailleurs tout au long du film d’une manière qui n’est pas sans rappeler l’humour noir des Monty Python. Il est d’ailleurs à noter que l’ambiance sombre qui se dégage de Brazil a créé un conflit entre Gilliam et les producteurs de Universal Studios, qui ont exigé de lui une fin plus heureuse. Il existe pour cette raison trois versions différentes du film, dont l’originale se distingue par sa finale surprenante et sa longue durée (142 minutes).
En bref, Brazil s’avère un film à l’esthétique noire et excentrique qui ne peut que faire pleurer de rire les auditeurs, tant par son humour grinçant que par les divers éléments qui rappellent fortement notre propre réalité, quoique de manière caricaturale. Un film à découvrir, si ce n’est pas déjà fait !

3 commentaires:

Gabriel a dit…

Excellent article sur ce film excellent!

Gabriel a dit…

Terry a récemment fait un autre film avec Heath Ledger. Qu'en penses-tu?

http://www.youtube.com/watch?v=6jU3AimFaz0

David Hébert a dit…

Je n'ai pas encore eu l'occasion de voir "The Imaginarium of Doctor Parnassus", mais j'ai vu récemment "Time Bandits", qu'il a réalisé quelques années avant "Brazil". Et bien que le film ne soit pas aussi culte que celui-ci, il n'en demeure pas moins un excellent divertissement avec un humour toujours aussi absurde et insolite. Sans compter que la plupart des membres des Monty Python y jouent un rôle ! À voir ;)