En cette période de grève qui a lieu présentement à l'UQAM, j'en profite pour écrire sur un auteur que j'ai récemment découvert : Maurice Blanchot. Après une lecture d'une partie de son livre La part du feu (1949), chapitre très connu de l'auteur, intitulé La littérature et le droit à la mort, je me suis procuré L'espace littéraire (1955), dont j'ai grandement apprécié la lecture. Cette œuvre philosophique et littéraire décrit la vision que possède Blanchot de la littérature en général, bien que le propos aille au-delà d'une simple théorie des lettres...
Maurice Blanchot (1907-2003) est un écrivain, philosophe et critique français reconnu pour son aspect fantomatique (il n'y a qu'à voir les rares photos de ce dernier, où il apparaît pâle et flou). Il est en quelque sorte l'écrivain de l'absence et de l'obscur, mais également de la présence et du visible. Dans les livres des éditions Gallimard se trouve une courte biographie qui le présente ainsi : « Sa vie fut entièrement vouée à la littérature et au silence qui lui est propre ». En effet, le silence est omniprésent dans ses écrits, puisque « la maîtrise consiste dans le pouvoir de cesser d'écrire, d'interrompre ce qui s'écrit ». Il s'agit d'utiliser la main qui n'écrit pas pour arrêter celle qui écrit, et, de la sorte, imposer le silence et l'absence à l'écriture, qui, si rien ne la freine, tendrait vers l'infini. Écrire, c'est « l'interminable, l'incessant », et il est nécessaire de cesser d'écrire pour qu'une oeuvre en surgisse, oeuvre que l'écrivain ne pourra jamais connaître. Le « Je » qui écrit se change au « Il », perd sa personnalité, son identité pour devenir étranger au monde réel. C'est ainsi que meurt l'auteur, dans cette mort que constitue le langage, domaine de l'absence par excellence, là où le cimetière de la culture apparaît en tant que présence, le néant consistant en cet être qui possède le pouvoir de modifier la nature. Car l'être humain est ce manipulateur de l'absent, qui devient présence à travers la fiction et l'imaginaire - bref la mort. C'est pourquoi l'artiste, l'écrivain est semblable au suicidaire : tous deux tendent vers un point inconnu, que ce soit l'absence du langage ou la mort organique, et « il s'agit d'un pouvoir qui veut être pouvoir encore auprès de l'insaisissable, là où cesse le royaume des fins ».
En somme, Blanchot est mon coup de coeur de ces dernières semaines. Ce que j'ai lu de lui me donne envie d'en connaître davantage. Il est dommage que peu de gens le connaissent ou encore le lisent, et qu'il soit délaissé en philosophie, car ce n'est pas une simple étude de la littérature qu'il élabore, mais une interprétation de la culture humaine en général, qui apparaît comme un spectre énorme suspendu au-dessus de l'humanité. Blanchot demeure toutefois cette ombre qui ne peut qu'hanter ceux qui osent s'avancer en direction de son absence, là où règne le silence d'une oeuvre qui en dit long...
1 commentaire:
Intéressant, il faudrait que je découvre aussi cet auteur. Son nom revient assez souvent dans mon entourage.
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