lundi 21 juin 2010

Suprématie


Depuis quelques temps, je suis plutôt discret en ce qui concerne l'écriture. En fait, j'ai quelques projets en chantier, mais rien n'est suffisamment avancé pour que j'en fasse part ici. Je vais en revanche commenter l'une de mes dernières lectures, qui fut somme toute agréable. Il s'agit du dernier roman de Laurent McAllister : Suprématie, paru chez l'éditeur français Bragelonne.
Dans un futur éloigné, la plupart des habitants de l’Amas acceptent la domination de la Suprématie en laissant les suprémates contrôler leur manière de penser à l’aide de « filtres de réalité ». Il en résulte une société paisible où les gens perçoivent la réalité environnante d’une seule et unique façon, au détriment de leur liberté de pensée – et de leur liberté tout court. Or, la Ville d’Art se révolte, ce qui ne plaît guère aux suprémates ; en outre, les Artistes ont besoin de renfort pour leur défense, et demandent de l’aide auprès d’Alcaino, capitaine du Doukh – vaisseau de guerre gigantesque qui deviendra plus tard le Harfang. Il s’ensuit un massacre sanguinaire qui poussera Alcaino et son équipage à venger les Artistes, et par conséquent à préparer une attaque fort dangereuse contre Canterna, le cœur de la Suprématie…
Ce roman de Laurent McAllister – auteur bicéphale composé des écrivains Yves Ménard et Jean-Louis Trudel – dépeint un univers imaginaire d’une incroyable richesse. En moins de 700 pages, de nombreux personnages sont développés avec une profondeur particulière, et une technologie originale est mise de l’avant par l’entremise de descriptions complexes, certes, mais non moins fascinantes. Car les divers éléments qui composent le monde artificiel de Suprématie s’avèrent en fait une extension fictive de la science actuelle, les termes utilisés tout au long du roman étant basés sur des termes scientifiques courants à notre époque. L’univers de Suprématie n’en est ainsi que plus fascinant.


L’intelligence artificielle Mnémosyne, qui tient lieu d’ « âme » du Doukh et qui n’est pas sans rappeler le HAL 9000 de 2001 : A Space Odyssey, est amené d’une manière particulièrement originale. Par exemple, Lynga, l’une des membres de l’équipage, est constamment en fusion avec cette IA, bien que tout le monde à bord de la nef de guerre puisse s’entretenir avec Mnémosyne, au point où elle devient en quelque sorte leur confidente. Si l’atmosphère générale qui règne dans ce roman s’avère au demeurant fortement liée à l’informatique ainsi qu’aux guerres futuristes au sein d’un univers à la technologie avancée, un côté humain et plus émotif s’entremêle à l’ensemble du récit avec une grande finesse.
En outre, Suprématie est merveilleusement bien écrit, les plumes de Ménard et de Trudel s’alliant encore une fois avec brio en une prose poétique riche en idées complexes et profondes. Il est vrai que le récit s’avère lourd par moments, et qu’il n’est pas toujours aisé de se retrouver parmi les nombreux enchaînements de situations, qui mettent en scène des personnages secondaires qui sont parfois difficile à apprivoiser. Il n’en reste pas moins qu’à travers la complexité de l’histoire se tisse une trame fascinante qui ne peut que réjouir les amateurs de science-fiction et de space opera.

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