vendredi 18 décembre 2009

Les Mystères d'Udolphe

Après la mort de son père, Émilie Saint-Aubert est placée sous la tutelle de sa tante, Mme Chéron, femme orgueilleuse et bornée qui empêchera sa nièce d'épouser l'homme qu'elle aime. Car, bien qu'il soit de caractère noble, Valancourt ne possède aucune richesse, ce qui déplaît à la tante d'Émilie. Mme Chéron épousera par la suite Montoni, un brigand caché sous le masque d'un gentilhomme. Émilie, qui sera contrainte de quitter Valancourt, et sa tante seront dès lors enfermées par Montoni dans le château d'Udolphe, bâtiment lugubre à l'architecture gothique où semblent se produire des événements mystérieux...
Les Mystères d'Udolphe, publié en 1794, a influencé nombre d'écrivains, notamment Balzac et Hugo. C'est en effet l'un des premiers romans gothiques à avoir vu le jour dans l'histoire de la littérature. La plume élégante d'Ann Radcliffe rend à merveille l'effet fantastique présent tout au long du livre. Il est seulement dommage que tout finisse par être expliqué de façon rationnelle, ce qui n'enlève rien à l'atmosphère noire qui se dégage de l'histoire.
L'œuvre de Radcliffe souffre toutefois d'une moralité un peu trop poussée. S'il est vrai que les valeurs véhiculées dans Les Mystères d'Udolphe étaient le propre du XVIIIe siècle, elles sont de nos jours assez vieillottes, et il est difficile de ne pas se sentir exaspéré des décisions d'Émilie, qui se met elle-même dans des situations ennuyeuses. Mais l'esthétique et l'élégance compensent fortement ces défauts, puisque c'est du côté de la forme et de l'ambiance que l'intérêt des Mystères d'Udolphe se situe.
Comment ne pas se laisser submerger par l'image que nous avons de l'énorme château gothique, isolé dans les hautes cimes des montagnes, entouré d'une forêt lugubre qui dessinent des ombres inquiétantes le jour et la nuit ? Bref, c'est une lecture que je recommande pour les curieux qui ont le temps de lire un roman de près de 900 pages, car il est toujours intéressant de se plonger de temps à autre dans les classiques entre deux lectures plus contemporaines
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jeudi 10 décembre 2009

Quelques secrets...


Jonathan Reynolds m'a récemment décerné un prix pour mon blogue. Afin de le remercier (tardivement, j'en conviens), je révélerai sept choses plus ou moins secrètes sur moi.

1) Je joue de la guitare depuis dix ans mois pour mois, puisque j'ai commencé à en jouer en décembre 1999, à l'âge de 15 ans. J'ai ensuite fait partie d'un groupe de black metal, de même que d'un groupe de rock québécois.

2) De plus, je pratique le piano depuis environ sept ou huit ans, principalement du classique.

3) Depuis toujours, je déteste dormir. J'ai tendance à me coucher très tard et à me lever très tôt, et pour souhaiter aller au lit, j'ai besoin de me sentir épuisé.

4) J'étudie la philosophie, mais je préfère de loin les arts. Allez savoir pourquoi...

5) J'ai un petit lézard nommé Héraclite. C'est un dragon barbu, ce qui justifie pourquoi je l'ai nommé du nom d'un philosophe qui concevait la substance première du monde comme le feu.

6) Quand je vais dans une librairie, je dois faire de grands efforts pour ne pas sortir avec une dizaine de livres. Je n'ai qu'à penser à la pile qui m'attend à l'appartement pour sortir de là au plus sacrant.

7) Je suis un caféïnomane invétéré. Quand j'écris, j'ai besoin qu'il y ait près de moi une grande tasse de café chaud.

Voilà mes sept révélations !

mercredi 9 décembre 2009

L'art du temps

Voici un extrait de ma nouvelle L'art du temps, qui sera d'ailleurs ma première fiction publiée. Elle paraîtra dans le prochain numéro de Brins d'éternité.

"Devant un café encore fumant, je discutais de mes projets de voyage avec mon collègue, le professeur Yume, lorsque nous entendîmes un rire exalté, qui provenait du corridor attenant à la cafétéria dans laquelle nous nous trouvions. L’homme qui riait aux éclats s’approchait de plus en plus, marchant d’un pas lourd et bruyant.
Le professeur Nisteen apparut dans l’embrasure de la porte ; il était dans un état de fébrilité si intense que ses bras, levés vers le haut, remuaient comme s’il eût remercié une force divine qui lui serait venue en aide. Cependant, il n’en était rien, puisqu’il affirmait souvent son athéisme, non sans grande fierté. Il cessa enfin de rire, reprit son souffle, essuya ses yeux humides sur la manche de sa chemise, et nous adressa la parole.
– J’ai trouvé la loi universelle ! dit-il, la voix enrouée par l’émotion. Le grand mystère qui a donné tant de peines à de nombreux chercheurs et scientifiques ; le principe à la base du mouvement ; ce qui lie la cause et son effet ! La… La
Le professeur respirait avec difficulté, et dut reprendre plusieurs fois ses mots avant de réussir à transmettre clairement le fond de sa pensée
– La loi universelle… Je suis le premier à connaître la formule mathématique de cette règle générale qui régit la totalité de l’Univers !"

mercredi 18 novembre 2009

Le protocole Reston

Que diriez-vous d'une histoire où une horde de morts-vivants envahissent une ville située près de chez vous ? C'est ce que propose Mathieu Fortin avec l'une de ces dernières parutions : Le protocole Reston. Un monstre est capturé en Asie, et expédié à Toronto afin d'être étudié par un groupe de scientifiques, mais les événements tournent mal. En effet, le cargo sur lequel le monstre est fait prisonnier frappe un haut-fond sur le Saint-Laurent, près de Trois-Rivières. Le monstre en profite alors pour contaminer les individus qui se trouvent sur son chemin, avant de s'enfuir vers le nord. Une étrange épidémie se propage ainsi à Trois-Rivières, qui sera isolée par les autorités du reste du Québec. Quant à Victor et son coloc Julien, encerclés par les macchabées, voyant leurs amis devenir eux-mêmes des zombies, ils n'auront qu'un seul but : survivre. Or, il est difficile de rester en vie au sein d'une ville isolée, où tous les moyens de communications ont été mystérieusement coupés du monde...
Après une lecture du Loup du sanatorium du même auteur, Le protocole Reston m'a agréablement surpris, tant pour l'amélioration du style par rapport à son prédécesseur que pour le plaisir qu'on en tire. Le rythme de ce roman est très réussi, les chapitres dans lesquels l'aventure se déroule s'entremêlant avec des intermèdes dans lesquels les ministres mettent en place le fameux protocole. Il est par ailleurs amusant de lire en plein roman de zombie une dispute caricaturale entre le premier ministre du Québec et le chef de l'opposition officielle, ce qui donne une touche d'humour noir au récit.
La couverture du Protocole Reston est fidèle à l'histoire : les yeux rouge, le teint malade, le regard tragique d'un être prisonnier entre la vie et la mort... L'atmosphère est noire, et un certain souci du réalisme est présent tout au long du récit. Les voitures n'explosent pas lorsqu'on tire un coup de fusil sur celles-ci, et le sang ne gicle pas pour rien. Il aurait d'ailleurs été intéressant d'exploiter un peu plus cet aspect, qui rend l'histoire plus troublante que drôle, les films de zombies étant souvent plus humoristiques qu'horrifiques. Le protocole Reston consiste donc en un très bon roman l'un des rares romans de zombie québécois et la possibilité d'une suite n'est pas à écarter...

vendredi 13 novembre 2009

Les particules élémentaires

Après en avoir entendu parler de la part d'amis, j'ai enfin entamé la lecture des Particules élémentaires de l'auteur français Michel Houellebecq. L'image de la couverture m'était bien connue : on y voit l'auteur vêtu d'un veston simple et d'une chemise froissée fumant une cigarette, un sac de plastique accroché à son poignet. Le premier mot qui m'était venu à l'esprit est : provocation. Et j'avais raison. Ce roman regorge de cynisme et d'allusions à l'absurdité de l'existence. C'est, en deux mots, une satire de l'humanité. Il n'est donc pas surprenant qu'il ait ironiquement dédié son livre à l'homme !
Le livre se résume ainsi :

« Les particules élémentaires est la chronique du déclin d'une civilisation la nôtre qu'illustre l'existence plate et morose de deux demi-frères, Michel et Bruno, confrontés à leur misérable condition. »

Cette notice qu'on retrouve sur la quatrième de couverture laisse présager que l'histoire sera noire, très noire. Les aventures amoureuses des deux frères et leurs échecs sont mis de l'avant dans ce roman dont le thème central serait probablement le désastre, ou peut-être bien le désespoir. De son côté, Bruno est timide, incapable d'entrer en contact avec la société, et essaie de vivre des expériences sexuelles en montrant son sexe aux jeunes filles qui lui plaisent, sans le moindre tact. Quant à Michel, il se tournera désespérément vers la science, et sera aux fondements d'une nouvelle espèce humaine, androgyne et immortelle. Quant à l'humanité actuelle, elle disparaît...
Ce livre de Houellebecq ne se limite toutefois pas au désespoir et à la perversion. Au contraire, il est évident que l'auteur s'est livré à de nombreuses recherches historiques, philosophiques et scientifiques pour renforcer l'histoire de son roman, qui regorge de propos savants et de réflexions sensées, avec quelques références à des noms bien connus tels que Einstein, Huxley, ou encore Frege. Ce qui contribue en quelque sorte à accentuer la provocation et le cynisme présents tout au long du roman. Une réflexion philosophique s'appuie sur des propos scientifiques, et hop ! Le personnage se masturbe en regardant les jeunes passantes ! Les changements de tons des Particules élémentaires sont donc drastiques, bien qu'ils soient limités au noir et aux différentes teintes de gris...
La lecture de ce livre de Michel Houellebecq n'a pas été sans me donner le goût de lire ses autres romans, en particulier celui au titre séduisant d'Extension du domaine de la lutte. Un auteur contemporain à lire !