vendredi 7 mai 2010

Dracula de Bram Stoker


Ce classique de la littérature a-t-il vraiment besoin d’être présenté ici, compte tenu que Dracula est devenu une figure mythique tant du côté littéraire que cinématographique ? Il est toutefois à noter que le monstre du roman de Stoker diffère quelque peu de l’archétype du fameux comte représenté ultérieurement par Bela Lugosi, et quelques décennies plus tard par Christopher Lee. Car le vampire y est décrit comme un vieillard moustachu aux traits affreusement laids ainsi qu’au corps grand et maigre, ce qui ne concorde aucunement avec le monstre romantique dépeint dans de nombreux films – et même dans certains jeux vidéo, notamment dans la série Castlevania, où Dracula s’avère l’ennemi principal à abattre…
N’empêche que l’histoire demeure assez connue : un jeune solicitor originaire de Londres se rend en Transylvanie au château du comte Dracula pour une question d’affaires. Or, l’homme se rendra vite compte que le vieillard dissimule un secret inquiétant. Et avec raison, car Dracula n’a pour sa part qu’une seule idée à l’esprit : se rendre à Londres par voie maritime afin d’assouvir sa soif de sang…
Tout comme le Frankenstein de Mary Shelley, Dracula de Bram Stoker a suscité un fort engouement dès sa parution en 1897, le roman aillant par ailleurs été qualifié de « plus beau roman du siècle » par nul autre qu’Oscar Wilde. Cependant, la figure de Dracula s’est surtout popularisée suite à la parution du long métrage allemand réalisé par Murnau en 1922 : Nosferatu, de même que par le biais du film Dracula paru en 1931, le vampire y ayant été interprété par Bela Lugosi – qui a d’ailleurs été enterré avec la cape du vampire après sa mort (!).
Or, le roman en lui-même semble avoir été délaissé depuis lors, bien qu’il soit toujours demeuré un classique de la littérature fantastique. Tel que mentionné ci-haut, l’apparence du vampire y diffère fortement par rapport à celle représentée plus tard au cinéma. Mais l’histoire demeure à peu près la même, bien qu’elle soit beaucoup plus riche et développée. En outre, le récit est raconté dans un style épistolaire qui, quoique peu crédible par moments, est utilisé par Stoker avec brio, donnant à l’intrigue un caractère des plus intéressants. Chaque personnage tient un journal dans lequel il fait mention des événements marquants en lien avec la quête centrale, qui consiste à mettre fin aux jours de Dracula afin de libérer de son emprise ceux qu’il a mordus. Ainsi, tout au long du roman, les personnages lisent le journal de leurs camarades en vue de s’informer, correspondent par écrit, se télégraphient, le tout de manière à former un récit captivant qui ne peut que tenir le lecteur en haleine. Ce qui est bien avantageux, compte tenu que Dracula fait près de 550 pages…
La plume de Stoker est par ailleurs magnifique, l’histoire étant racontée avec lyrisme par des personnages à l’esprit particulièrement romantique. Cet aspect ne plaira certainement pas à tous, bien qu’il contribue fortement à l’atmosphère mystérieuse et fantastique qui se dégage du roman. Il n’en reste pas moins que Dracula mérite d’être lu par tous les amateurs de fantastique, tant pour l’intérêt que suscite la lecture du roman que pour en connaître davantage sur l’origine du fameux comte, qui a inspiré par la suite d’innombrables histoires à saveur vampirique.


dimanche 2 mai 2010

Le naufragé de Memoria


Dans un précédent billet, j'ai fait mention d'une série québécoise de bandes dessinées dont la lecture m'a été grandement recommandée. Il s'agit du Naufragé de Mémoria, dont le scénario a été co-écrit par Claude Paiement et Jean-Paul Eid, ce dernier ayant également réalisé l'ensemble des illustrations. Je me suis donc livré à la lecture des deux tomes de la série au cours des derniers jours, et ce fut somme toute encore une fois une agréable découverte du côté de la BD québécoise.
L'histoire commence comme suit : Benjamin Blake est un chauffeur de taxi bien ordinaire, qui aime de temps à autre boire de l’alcool tout en jouant au billard avec ses copains. Mais un jour, après avoir transporté une cliente qui semblait fuir une menace inconnue, Blake découvre qu’il existe d’étranges failles dans le monde où il vit depuis toujours – d’étranges fissures qui mènent vers un second monde, sorte de reflet aquatique de la ville de Memoria, où des rebelles s’acharnent à combattre des intrus qui apparaissent de nulle part et qui s’incrustent dans leur univers en vue de se livrer à des pratiques douteuses, telles que le meurtre et la perversion…

Le naufragé de Memoria
est constitué de deux tomes : Scaphandre 8 et L’Abîme. Dans le premier volume, l’histoire se déroule dans la ville de Memoria, qui rappelle fortement le New-York des années 30. Mais au fur et à mesure que l’histoire progresse, les choses se corsent, puisque les fameux rebelles passent à travers certains murs en vue d’assassiner ou d’enlever leurs victimes, sans oublier leur chef, le professeur Zalupski, qui possède un repère sous-terrain à la technologie avancée. L’aspect science-fiction du récit est donc intégré avec une grande subtilité dans Scaphandre 8.
L’Abîme
est toutefois beaucoup plus futuriste, l’action se déroulant dans un futur proche. Pourquoi un tel changement d’époque ? Il est difficile d’éclaircir ce détail sans devoir dévoiler la fin du premier tome de la série, ce que je ne compte aucunement faire ici. Je dirai simplement que Le naufragé de Memoria soulève une réflexion philosophique sur la réalité environnante, de même que sur la conscience d’exister. Et le tout est merveilleusement bien rendu, puisque l’idée centrale de la série, bien qu’elle ne soit pas entièrement nouvelle, est amenée d’une façon particulièrement originale.


Quant à l’esthétique des deux BD, les illustrations, qui oscillent entre la couleur et le noir et blanc, sont tout à fait magnifiques. Jean-Paul Eid maîtrise parfaitement l’art du dessin, le tout avec un souci du détail qui pousse le lecteur à scruter minutieusement les illustrations, toutes plus fascinantes les unes que les autres. Le naufragé de Memoria s’avère donc une réussite tant du côté de l’histoire que de l’esthétique, et il n’est pas étonnant de constater que les deux tomes ont reçu de nombreux mérites lors de leur parution…